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Une jeunesse modeste |
Grigori Raspoutine, figure énigmatique de l'histoire russe, demeure l'un des personnages les plus fascinants et mystérieux du début du XXe siècle. Né en Sibérie, dans le petit village de Pokrovskoïe, en 1869, sa vie est entrelacée de légendes, de mysticisme et de controverses qui ont alimenté l'imagination populaire et suscité l'intérêt des historiens... et de ses ennemis. Hypnose, guérison, divination, magie noire, manipulation : il ne s'agit que d'une partie des légendes (ou vérités ?) qui entourent son nom.
Une jeunesse modeste
Né le 21 janvier 1869 dans le village de Pokrovskoïe, situé le long de la rivière Tura, dans la province de Tobolsk (aujourd'hui dans la région de Tioumen), Raspoutine est le fils de Efim Raspoutine et de Anna Parshukova. La famille Raspoutine était paysanne, vivant dans un contexte où la survie dépendait étroitement de l'agriculture et des conditions climatiques souvent difficiles de la Sibérie.
La jeunesse de Raspoutine est peu documentée, mais les récits disponibles suggèrent qu'il était un enfant ordinaire de son époque et de sa condition, avec une éducation limitée. Les écoles étaient rares dans la Sibérie rurale du XIXe siècle, et Raspoutine n'aurait reçu qu'une instruction élémentaire, principalement axée sur l'apprentissage des bases de la foi orthodoxe russe. Il aurait manifesté un intérêt marqué pour la religion, passant de longues heures à prier et à méditer. Des récits de sa jeunesse font état de comportements étranges, de visions et d'une fascination pour les pèlerins religieux et les mystiques qui traversaient parfois la Sibérie, ce qui le distinguait des autres jeunes de son village.
À l'adolescence, Raspoutine acquiert la réputation d'avoir des dons de guérisseur et de clairvoyance, des capacités qui, selon certains, étaient le résultat de visions divines. Ces affirmations sont difficiles à vérifier, mais elles ont contribué à forger le mythe autour de sa personne dès son plus jeune âge.
Vers l'âge de 18 ans, Raspoutine entreprend un pèlerinage à l'un des monastères les plus sacrés de Russie (selon plusieurs sources, Verkhoturye, situé dans l'Oural), une expérience qui aurait profondément influencé sa spiritualité. Bien que les détails soient flous, ce voyage marque le début de son périple spirituel, pendant lequel il visite plusieurs lieux saints et se familiarise avec les pratiques religieuses orthodoxes et hétérodoxes.
Le guérisseur royal
À la cour, Raspoutine se fait connaître comme un guérisseur, un starets (maître spirituel, un nom généralement attribué aux moines les plus âgés) au sein de la noblesse, proche du pouvoir donc. Le jeune tsarévitch Alexis, fils de Nicolas II (dynastie des Romanov), atteint d'hémophilie (la moindre blessure causait douleurs et hémorragie sévères) se Blesse à la jambe lors d'un voyage. La tsarine le demande alors et une transe divine lui aurait permis de le guérir. C'est un fait, même les plus sceptiques l'admettent : Raspoutine a un don. Il aurait ainsi gagné la confiance et l'affection de la famille royale. Il suffisait, parait-il, d'un simple contact avec le jeune garçon pour qu'il soit soulagé.
Cette proximité avec le pouvoir lui confère une influence sans précédent, éveillant jalousies et suspicions parmi l'aristocratie et le clergé. Raspoutine est alors entouré de mystères, tant pour ses capacités mystiques présumées — guérisons, visions prophétiques et interventions divines — que pour son mode de vie extravagant, marqué par des accusations de débauche et d'intrigues politiques.
Le moine fou
Grigori Raspoutine a acquis le surnom de "moine fou" en raison de sa personnalité hors du commun et de son comportement atypique, qui détonnaient dans la société russe du début du 20ème siècle. Bien que Raspoutine n'ait jamais été moine au sens formel du terme, son mode de vie ascétique, ses voyages spirituels et son engagement profond dans la foi orthodoxe l'ont rapproché de cette appellation.
Surtout, le terme "fou" reflète ses prétendus pouvoirs mystiques et sa conduite jugée scandaleuse par beaucoup, notamment sa vie sexuelle débridée et son influence jugée pernicieuse sur la famille impériale. La noblesse russe, profondément ancrée dans les traditions et les hiérarchies, voyait en Raspoutine une figure dérangeante, qui défiait les normes établies et semblait agir selon ses propres règles. Également, les rumeurs d'influence politique étant donné sa proximité avec le pouvoir ne plaisait naturellement pas à tout le monde...
Raspoutine affichait souvent un comportement qui pouvait être interprété comme excentrique ou irrévérencieux, notamment lorsqu'il parlait de religion ou de spiritualité. Ses méthodes de guérison, sa manière de prier et ses prophéties lui donnaient une aura de mystique, mais semaient également le doute et la méfiance chez ceux qui le considéraient comme un charlatan ou un hérétique. Également, sa voix très particulière lui offrirait le pouvoir de manipuler n'importe quel individus, en particulier les femmes.
Le débauché et le favori
Malgré sa jeunesse pieuse, Raspoutine avait une réputation sulfureuse. Il aurait organisé à la cour des orgies dans l'opulence et l'alcool, jusqu'à en sombrer dans des black-out. D'ailleurs, son nom signifierait en russe "débauché".
Il était aisé pour lui d'attirer de nombreuses femmes, principalement des prostituées. Charisme et voix envoûtante ont fait de lui un manipulateur hors pair, une étiquette qui se répand dans la haute société. Surtout, il aurait envoûté la tsarine Alexandra Fiodorovna qui serait tombé amoureuse de lui, jusqu'à en faire son amant.
Des courriers écrits de la main de la tsarine dévoilant ses sentiments aurait ainsi été dévoilés par Raspoutine lui-même pour démontrer son pouvoir à qui en doutait.
Le prophète de Dieu
Raspoutine aurait démontré à plusieurs reprises une capacité à voir au-delà des apparences immédiates et à prédire des événements futurs. Des membres de la noblesse et de la famille royale ont rapporté des incidents où ses prédictions se sont avérées étonnamment précises. Ces prédictions concernaient souvent la santé du tsarévitch Alexis, l'issue de certains événements politiques ou même des avertissements concernant des dangers imminents pour la famille impériale ou la Russie elle-même.
La dernière prophétie attribuée à Grigori Raspoutine est particulièrement sombre et a été interprétée comme une prémonition de sa propre mort, ainsi que des malheurs qui allaient s'abattre sur la Russie et la famille impériale. Peu avant son assassinat en décembre 1916, Raspoutine aurait écrit une lettre adressée au tsar Nicolas II, dans laquelle il prédisait sa propre mort aux mains de membres de la noblesse russe. Il aurait également averti que si c'était un membre de la famille impériale qui était responsable de sa mort, la chute de la dynastie des Romanov serait inévitable et que de grands malheurs s'abattraient sur la Russie.
Dans cette prétendue prophétie, Raspoutine aurait déclaré que si lui, Raspoutine, était tué par des paysans, alors le tsar et sa famille régneraient pendant des siècles. Cependant, si sa mort venait de l'aristocratie, le tsar perdrait son trône, et sa famille serait maudite, mourant dans les deux années suivant sa mort. Il avertissait que les frères du tsar seraient tués par le peuple russe, plongeant le pays dans un bain de sang et laissant la Russie dans le chaos.
Que cette lettre soit authentique ou non, la mort violente de Raspoutine en décembre 1916, orchestrée par des membres de la noblesse, a été suivie par la révolution de Février 1917, qui a forcé Nicolas II à abdiquer. La famille impériale a été exécutée par les Bolcheviks en juillet 1918, et la Russie a été plongée dans une guerre civile sanglante, des événements qui semblent correspondre de manière troublante aux avertissements de Raspoutine.
Un meurtre planifié
Grigori Raspoutine est mort dans la nuit du 29 au 30 décembre 1916, dans des circonstances qui ont alimenté la légende autour de sa personne. Son assassinat est l'un des plus dramatiques et des plus discutés de l'histoire russe, en raison de la résilience qu'il aurait montrée face à plusieurs tentatives de meurtre au cours de la même soirée.
Selon les récits les plus courants, Raspoutine a été invité au palais Yusupov à Saint-Pétersbourg par le prince Felix Yusupov et un groupe de conspirateurs, qui comprenait le grand-duc Dimitri Pavlovitch et le député Vladimir Purishkevich, parmi d'autres. Leur objectif était d'éliminer Raspoutine, qu'ils considéraient comme une influence néfaste sur la famille impériale et, par extension, sur l'avenir de la Russie. Les conspirateurs avaient préparé un gâteau et du vin empoisonnés avec du cyanure, qu'ils offrirent à Raspoutine. Selon Yusupov, Raspoutine aurait consommé le poison sans montrer de signes immédiats d'effet, ce qui a stupéfié ses assassins. Face à sa survie apparente, Yusupov a pris une arme à feu et a tiré sur Raspoutine, le blessant gravement. Pensant l'avoir tué, les conspirateurs ont quitté brièvement la scène, mais à leur retour, ils ont trouvé Raspoutine toujours vivant et ont procédé à le battre.
Raspoutine a réussi à s'échapper du palais et a été poursuivi par les conspirateurs, qui l'ont finalement abattu à plusieurs reprises. Selon certaines versions, après avoir été abattu, son corps a été jeté dans la rivière Neva, où il a finalement succombé, soit par noyade, soit en raison de ses blessures.
L'autopsie de Raspoutine a révélé qu'il avait subi trois blessures par balle, dont une mortelle à la tête, ainsi que de nombreuses autres blessures, mais les rapports sur la présence de poison dans son système sont contradictoires. Certaines sources affirment qu'aucune trace de cyanure n'a été trouvée dans son corps, ce qui a alimenté des spéculations sur sa résistance légendaire aux poisons et autres formes de mort.
Son puissant... pénis
Selon la légende, après son assassinat en décembre 1916, le corps de Raspoutine aurait été mutilé, et son pénis de 30cm aurait été coupé par ses meurtriers ou par des personnes ayant découvert son corps par la suite.
Cette partie de son corps aurait ensuite connu un étrange périple, devenant une sorte de relique macabre. Il a été dit que le pénis de Raspoutine aurait été conservé, vendu, et même exposé dans des musées ou des collections privées. Des histoires circulent sur des individus affirmant posséder le membre, prétendant qu'il possède des pouvoirs mystiques ou des vertus aphrodisiaques.
